MANDELA : DERRIÈRE L’UNANIMITÉ

, par Udfo15

Article paru dans FO Hebdo 3098

Le décès, le 5 décembre, de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, âgé de 95 ans, a déclenché une avalanche d’hommages à cette grande figure du combat contre l’apartheid. Quelques médias ont regardé au-delà du grand arbre de la liberté. Exemples à travers la presse.

Jeune Afrique

« Nous gérons toujours l’héritage de l’apartheid », observe Ellis Mnyandu, rédacteur en chef du Business Report. « Les grandes orientations, comme la prépondérance des mines et la structure quasi monopolistique de certains secteurs autour de conglomérats publics ou privés, ont été initiées sous l’ancien régime. » Résultat : « Les Blancs −8% de la population− détiennent 95% de l’économie ». Un ancien régime qui a la vie dure.

Les Échos

Et certaines habitudes perdurent : « L’image de pays démocratique s’est brusquement ternie en août 2012 avec la répression sanglante des grèves dans les mines de platine de Marikana. La police a tiré sur les grévistes, faisant 34 morts et réveillant, en même temps, les vieux souvenirs du temps de l’apartheid. Outre le bain de sang provoqué, le mouvement a rappelé combien ce pays, doté d’une industrie de base, reste divisé parce que toujours traversé par de profondes inégalités sociales. Comme les mineurs, les employés des transports et de l’agriculture multiplient les grèves sauvages et revendiquent, principalement, des hausses de salaires. Les émeutes avaient commencé bien avant Marikana, mais l’agitation sociale n’a fait que s’aggraver depuis. »

L’Express

Pas de quoi affoler le monde des affaires pour le moment : « Après l’annonce du décès du grand homme jeudi soir, la Bourse de Johannesburg (JSE) et le rand sud-africain n’ont pas été affectés outre mesure. L’indice JSE All Share a pris près de 1%, tandis que le rand, fort malmené ces dernières semaines, s’est apprécié d’à peu près autant par rapport au dollar. » Les affaires continuent.

La Croix

Si Mandela a posé la pierre angulaire de la nouvelle Afrique du Sud, il reste à « gérer un pays dans le réseau complexe des intérêts multinationaux, pour vaincre concrètement l’héritage matériel de l’apartheid (en mettant en place un système médical solide, une éducation, etc.) », selon Leonard Praeg, universitaire sud-africain.

Libération

Bref, le défi de l’Afrique du Sud reste encore sa « libération économique », estime le spécialiste américain J. Peter Pham, lauréat d’un prix de la Fondation Mandela pour son travail académique.

Ouest-France

Le soir de son élection à la présidence sud-africaine, Mandela avait déclaré : « Nous avons seulement atteint la liberté d’être libres. » Et si aujourd’hui, « malgré les ratés de la nouvelle Afrique du Sud, Mandela reste le symbole d’une lutte pour la liberté par le dialogue, la justice et la réconciliation », il reste encore un long chemin.