Pour les salaires, l’emploi, les services publics républicains et la protection sociale Contre le pacte de responsabilité

, par Udfo15

Plus de 150 manifestants rassemblés aujourd’hui 18 Mars 2014 à Aurillac devant la Sécurité sociale, à l’appel de FO et de la FSU, pour défendre notre système de protection sociale, le service public républicain, pour l’augmentation des salaires, l’emploi, et contre le pacte de responsabilité.

Ci-dessous le discours prononcé par Jean-Vincent Boudou, Secrétaire général de l’Union Départementale FO du Cantal.

Discours Force Ouvrière

18 Mars 2014 Aurillac

Aujourd’hui, 18 mars 2014 dans le cadre de la journée de grèves de manifestations et de rassemblements interprofessionnels initiés par FO, rejoint dans le Cantal par la FSU et au niveau national par la CGT et Solidaires les travailleurs font entendre leurs voix et leurs revendications.

Ils le font avec force, détermination et liberté. Leurs attentes sont nombreuses, elles sont également très concrètes. Ils le savent : accorder de nouvelles exonérations de cotisations sociales patronales, geler les salaires dans le public et n’accorder aucun coup de pouce au Smic, annoncer 50 milliards de réduction des dépenses publiques et sociales sur trois ans, miser en permanence sur la baisse du coût du travail, cela porte un nom : l’austérité économique et sociale.

C’est la politique mise en œuvre par le gouvernement à la demande du patronat et dans le cadre du carcan du pacte budgétaire européen qu’il a avalisé.

Aujourd’hui, si nous sommes rassemblés symboliquement devant les bâtiments de la Sécurité sociale, ce n’est pas un hasard. Depuis des années, méthodiquement, les gouvernements de quelques tendances qu’ils soient, associés au patronat, n’ont de cesse de détruire le système de protection sociale.

L’article 1er de l’ordonnance du 4 octobre 1945 qui créée la Sécurité sociale dit : « il est institué une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toutes natures susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité, les charges de familles qu’ils supportent ».

Voilà l’un de nos biens les plus précieux, acquis de haute lutte et imposé au patronat. Depuis 1945, grâce à la Sécurité sociale les travailleurs peuvent se soigner, avoir une retraite, percevoir des allocations familiales. La cotisation, ce que les patrons et le gouvernement appellent des charges, qu’elle soit patronale ou salariale est un salaire différé.

La supprimer revient donc à diminuer l’ensemble des salaires.

La remise en cause par le pacte de responsabilité de la branche famille est la première étape de la « Solution finale » appliquée à la protection sociale collective de ce pays.

Défendre la Sécurité sociale c’est défendre la république sociale, c’est défendre la solidarité face à la charité, c’est défendre l’égalité face à l’équité, c’est au final défendre ce qui constitue le ciment républicain de la liberté.

Aujourd’hui pour les salariés, la priorité va à l’emploi et aux salaires. Face à l’augmentation du chômage et aux 5 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi ; face à l’explosion des contrats courts et autres formes précaires d’emplois, FO revendique l’augmentation des salaires car c’est une nécessité sociale et économique (Smic, point d’indice, prime transport, 13ème mois).

Nous continuons aussi d’exiger l’abrogation de la loi dite de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 qui ne sécurise en fait que les employeurs. Cette loi issue de l’ANI de janvier 2013 que nous avons dénoncé en son temps, avait trouvé de bonnes âmes syndicales, pour laisser croire aux salariés qu’en perdant une nouvelle partie de leurs droits, les entreprises créeraient des emplois.

Quant à l’emploi en CDI, il est indispensable de retrouver une croissance plus forte, en rompant avec l’austérité, en traitant les problèmes de compétitivité autres que le coût du travail ; par exemple l’innovation, la recherche, les relations donneurs d’ordre/sous-traitants, ou de limiter la part des bénéfices allant aux actionnaires. Tout salarié doit pouvoir vivre décemment du seul fruit de son travail, sans avoir besoin d’aides sociales. Les salariés sont victimes de la crise. A aucun moment, ils ne peuvent en être les « payeurs ».

500 000 emplois publics détruits depuis 2007 ; des réorganisations permanentes, des mobilités forcées ; gel et baisse des rémunérations, blocage de certains avancements et individualisation ; pression hiérarchique et stress, le tout au nom de l’austérité.

Fusions de Régions, suppressions de Départements, regroupements forcés des communes, Révision générale des politiques (RGPP) ; Réforme de l’administration territoriale de l’Etat (REATE) ; modernisation de l’action publique (MAP) ; loi Hôpital, patient, santé, territoires, l’acte III de décentralisation visant à découper la République avec ses budgets d’austérité ; ses privatisations et ouvertures à la concurrence de missions publiques, n’a qu’un seul objectif : faire des économies à tout prix, 50Mds entre 2015 et 2017, et tant pis pour les conséquences, pour les usagers et pour l’indivisibilité, l’unicité et l’égalité républicaine.

Aujourd’hui, pour financer son pacte de responsabilité et répondre à l’exigence de l’Union Européenne et au patronat, le gouvernement veut détourner 36 milliards d’€ de salaires différés en dispensant les patrons des versements des cotisations de la branche famille. Moins 36 milliards dans les caisses de la CAF, pour soi-disant créer des emplois.

Or, une entreprise n’embauche que si elle en a besoin et personne, pas même M. Gattaz, ne peut le lui imposer ou s’engager pour elle. Pour les augmentations de salaires il en est de même.

Dans ce cadre, la réduction de 50 milliards d’euros sur trois ans des dépenses sociales et publiques va être destructrice pour la sécurité sociale et les services publics. Elle va accroître les inégalités car le service public est aussi et surtout le bien de ceux qui n’ont rien. Le remettre en cause c’est renier des droits, c’est oublier l’égalité de droits.

C’est aussi pour toutes ces raisons que FORCE OUVRIERE rejette le « pacte de responsabilité ». Celui-ci donne des garanties au patronat et rien aux salariés. Du béton pour les patrons. Du vent pour les salariés.

C’est un acte de complaisance politique, un chèque en blanc. Rien de concret sur l’emploi, rien sur les salaires, des discussions recyclées qui étaient d’ores et déjà prévues ! Pire, avec cet argent le Medef envisage même de verser des dividendes aux actionnaires !

C’est donc un marché de dupe, et ne sont bernés que ceux qui ont envie de l’être. Les mêmes qui hier validaient avec le patronat l’amputation des droits des travailleurs en prétendant « sécuriser l’emploi », valident aujourd’hui le pacte de responsabilité et vendent au patronat un des acquis les plus importants du mouvement ouvrier de ce pays ; les masques tombent !

Comment un gouvernement tel que le nôtre peut-il affirmer avec ces orientations vouloir défendre le modèle social de notre pays auquel les français sont attachés ?

FO en tant qu’organisation syndicale n’est le garant ni de l’intérêt général, ni du bien commun, et nous n’avons aucune vocation à gérer les entreprises ou l’Etat.

En revanche, nous représentons en toute indépendance, les intérêts matériels et moraux bien particuliers des salariés et nous en sommes responsables devant-eux. Etre responsable ce n’est pas être à la botte de qui que ce soit, mais au contraire résister quand les intérêts des salariés sont menacés, c’est être rebelle, comme le disait souvent notre camarade Marc Blondel.

Aujourd’hui dire non au pacte de responsabilité, c’est dire oui au progrès social, aux salaires, à l’emploi, aux services publics et à la sécurité sociale.

Dire non au pacte de responsabilité, c’est exiger d’autres choix préservant et améliorant la vie de millions de travailleurs.

Dire non au pacte de responsabilité c’est exiger, maintenant, un changement.