Référendum Grèce : ils ont osé dire non

, par Udfo15

Jean-Claude Mailly à la manifestation de soutien au peuple grec, le 2 juillet à Paris. © Y. Veyrier

« Est-ce que la proposition soumise par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI lors de l’Eurogroupe du 25 juin doit être acceptée ? »

Les Grecs ont répondu « non » à 61,31 %.

Avec un taux de participation de 62,5 %, les électeurs grecs ont massivement rejeté les nouvelles réformes et mesures d’austérité que les créanciers de la Grèce exigent en échange de 240 milliards d’euros de prêts accordés depuis 2010.

Alors que les banques ont été fermées, que la menace de la sortie de l’Union européenne, le Grexit, est brandie de tous côtés, que jusqu’au dernier moment les sondages annonçaient un résultat très serré, ils ont dit non.

La démocratie contre la loi d’airain du capitalisme financier ?

La coupe déborde, spectaculairement, après plus de cinq ans sous le joug « des institutions » (la Commission européenne, la BCE et le FMI). Le 22 juin encore, ces dernières ont jugé insuffisantes les propositions du gouvernement grec, portant sur les retraites, les dépenses de défense, la fiscalité et la TVA, mais avec certains ajustements et délais.

C’est la ligne dure qui a été choisie par les créanciers. Au cœur du différend, un allongement de la dette demandé par le gouvernement grec, qui permettrait de redonner des marges pour une relance économique. Il ne faut pas oublier que cette situation est le produit d’un maquillage des comptes de la Grèce en 2001, lors de son entrée dans l’euro, avec l’appui de banques privées qui, en 2012, ont été soulagées par le rachat de la dette grecque par les États de l’UE.

Au lendemain du référendum, les voix se divisaient au sein de l’Union européenne entre partisans d’une reprise des négociations et ceux du Grexit. Les réunions devaient se multiplier pour tenter de trouver comment faire face à une situation inédite, car cette fois l’intimidation n’a pas payé.

Repères : Depuis plus de cinq ans, le puits sans fond de l’austérité

De 2010 à 2012, le déficit public grec a chuté de 12,3 % à 3,5 % et depuis 2014 la Grèce est excédentaire. Mais le pays a perdu 25 % de son PIB. Le taux de chômage dépasse les 25 % et atteint 60 % chez les moins de 25 ans. De 2008 à 2013, le nombre de pauvres a crû de 30 % en Grèce : 45 % des retraités et presque autant d’actifs vivent en deçà du seuil de pauvreté. Pendant ce temps, la dette est passée de 105 % en 2008 à près de 175 %, du fait notamment de l’envol des intérêts exigés par les créanciers.

Mardi 7 juillet 2015 Evelyne Salamero