Retraites complémentaires : le MEDEF gagne 90 à 10, avec l’appui de la CFDT et les félicitations du gouvernement !

, par Udfo15

Vendredi 16 octobre avait lieu la dernière séance de négociation sur les retraites complémentaires. Un accord a été trouvé entre le MEDEF, la CFDT, la CGC et la CFTC. Il prévoit des décotes pour les salariés partant avant 63 ans, une moindre revalorisation des pensions pour les retraités, et une augmentation de la cotisation pour les actifs.

Au total, les salariés et retraités payeront 90% de la note !

Le premier ministre s’est réjoui de l’accord qu’il considère « adapté et juste » !!!

Adapté et juste ? Voici le détail des mesures.

Une décote de 10% pendant trois ans pour ceux qui partent à 62 ans

Le salarié qui, bien qu’ayant atteint l’âge légal de la retraite (62 ans), avec toutes ses annuités (41,5 ans), verra sa retraite complémentaire amputée de 10% pendant au moins deux ans. Pour ne pas pâtir de ces malus et conserver un taux plein, il devra travailler un an de plus et ainsi partir à 63 ans.

Même si le salarié ne peut faire valoir ses droits à la retraite qu’après l’âge de 63 ans, faute d’avoir accumulé le nombre de trimestres suffisants, il devra également différer d’un an minimum son départ par rapport à sa date possible d’accès à la retraite du régime général pour bénéficier du taux plein pour sa complémentaire. Faute de quoi, il aura également le malus !

Ce « coefficient de solidarité » est applicable pendant les trois premières années de retraite et « au maximum jusqu’à 67 ans ». Selon Laurent BERGER de la CFDT lui-même, cette mesure coûtera en moyenne au retraité 50€ par mois, 600€ par an, 1800 € sur la durée totale de la punition !

A l’inverse, ceux qui travaillent deux, trois ou quatre ans de plus, verront leur régime complémentaire bonifié respectivement de 10, 20 ou 30%, pendant un an.

A qui bénéficiera cette mesure en dehors de quelques cadres supérieurs ?

On voit que ce sont les salariés qui ont connu les carrières les plus accidentées, en particulier les chômeurs et les femmes, qui seront les plus pénalisés par cette mesure.

Belle solidarité ! En effet, seuls les retraités « pauvres » (exonérés de CSG ou bénéficiant d’un taux réduit) seront épargnés par les malus. Encore heureux !

1% de perte du pouvoir d’achat par an sur la retraite complémentaire

Mais qu’ils ne se réjouissent pas trop vite, en effet, comme tous les autres retraités du secteur privé ils subiront chaque année une perte de 1% du pouvoir d’achat de leur retraite complémentaire. En effet, le coefficient de revalorisation se leur pension sera abattu de 1% par rapport au chiffre (officiel) de l’inflation, et cela pendant 3 ans.

Et comme si cela ne suffisait pas, la date de revalorisation sera repoussé au 1er avril.

Le prix d’achat du point de retraite complémentaire augmenté.

Dernière mesure enfin qui touche les actifs et aussi les employeurs : la valeur d’achat du point sera augmenté, ce qui en français signifie une augmentation de la cotisation ARRCO-AGIRC.

Pour les salariés, ce sera moins de pouvoir d’achat pour des droits amputés !!!

Contre le prétendu dialogue social, informer pour mobiliser

Philippe PIHET, Secrétaire Confédéral de FO, qui a annoncé la non- signature, a estimé que l’effort financier « reposait à 90% sur les salariés et à 10% sur les entreprises ».

C’est sans doute ce qui plait à Emmanuel VALLS qui multiplie avec son gouvernement les cadeaux au patronat : « Cet accord apporte la preuve de la capacité du dialogue social dans notre pays à élaborer les compromis équilibrés nécessaires à la réforme et à la consolidation de notre modèle social. Le gouvernement accompagnera la mise en œuvre de cet accord »

Drôle de sens de l’équilibre quand les patrons sont satisfaits intégralement de leurs revendications. Pour ceux qui en doutaient, le sens du dialogue social du gouvernement c’est « je ne veux voir qu’une tête ».

Il respecte tellement les interlocuteurs syndicaux que lorsqu’ils sont majoritaires pour refuser de signer un accord, comme c’est le cas pour l’accord PPCR dans la Fonction Publique, il passe outre et l’applique quand même.

Comme à Air France aussi où il stigmatise les organisations syndicales en lutte contre le nouveau plan de licenciement de 2900 salariés proposé par la direction. Ce plan, les représentants de l’Etat au Comité Central d’Entreprise...l’ont voté... cqfd !

En tous cas, pour FO, pas question d’accepter cette nouvelle remise en cause des droits qui se situe dans la politique d’austérité du gouvernement.

C’est pour cela que l’Union Départementale FO a décidé de « mener une large campagne d’information auprès de tous les salariés afin de les mobiliser avec toutes les structures de FO et pouvoir prendre toutes les initiatives nécessaires pour construire le rapport de force par la grève interprofessionnelle », comme l’a décidé le comité confédéral national.