Encouragé par les largesses du gouvernement, le Medef n’a plus peur de rien. Lors d’une conférence de presse, son chef de file Pierre Gattaz a présenté ses propositions pour créer un million d’emplois. Son plan, en quatre axes, attaque tous azimuts les acquis sociaux, estimant que « notre modèle économique et social a vécu ».
Pour le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, ces propositions sont « inacceptables » et « ne sont pas à l’ordre du jour des négociations » avec les syndicats, alors que l’agenda social de l’année à venir a déjà été fixé. Comme il y a dix jours, lorsqu’un projet similaire avait fuité dans la presse, ce programme a été rejeté par tous les syndicats.
Pierre Gattaz veut « débattre sans tabou », et sans contreparties pour les salariés. Anticipant les critiques qui commencent déjà à pleuvoir, il dénonce « la culture d’opposition systématique que l’on connaît dans notre pays », sans regarder dans son propre camp.
Pour Jean-Claude Mailly, interrogé par l’AFP, les chiffrages du Medef ne sont pas crédibles. Il estime par exemple que la suppression de deux jours fériés par an permettrait de générer 0,9% du PIB, soit près de 100 000 emplois supplémentaires. Ce calcul est jugé « totalement fantaisiste » par Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS, cité par l’AFP, qui en attend un résultat « qui se promène autour de zéro ».
Perte de la couverture minimale conventionnelle
Sur les 35 heures, le patronat voudrait fixer la durée du travail à l’échelle de l’entreprise. Le principe d’une « durée légale imposée à toutes les entreprises » ne s’appliquerait plus qu’à celles « ne pouvant pas ou ne souhaitant pas négocier ». Il suggère aussi d’intervenir sur les seuils sociaux ou de reculer encore l’âge de départ à la retraite. Pour les chômeurs de longue durée, il réclame la mise en place de « contrats aidés », permettant de recruter en dessous du Smic. Quant aux contrats de travail, il voudrait généraliser le « contrat de projets » existant dans le BTP, un CDI limité dans le temps.
Pour le secrétaire général de FO, la proposition « de donner la priorité aux accords d’entreprise sur les accords de branche et les accords nationaux » est « la plus dangereuse », car dans les petites entreprises où les syndicats ne sont pas présents « il n’y aura pas d’accord et il n’y aura pas non plus la couverture minimale conventionnelle » pour les salariés.
Il propose plutôt à Pierre Gattaz de « prendre une nationalité anglo-saxonne », car « il y a un côté thatchériste dans ces propositions ». Il lui suggère aussi « que tous les 1er janvier soient un lundi ou un vendredi […] pour éviter les phénomènes de ponts ».